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Histoires d'objets : le témoignage d'un participant

Publié le Vendredi 14 septembre 2018

Gilbert a participé ce mois-ci aux ateliers Histoires d'objets organisés par le Musée jurassien d'Art et d'Histoire, en collaboration avec le musicien Pascal Lopinat et l'assistante socio-éducative Geneviève Basset. Nous reproduisons ci-dessous le texte qu'il a publié sur son blog.

Il était une fois"Ce jour-là, un grand brin de nostalgie s'est infiltré en moi. Je ne sais ce que j'ai ressenti, mais, passant devant le Musée jurassien, j'ai soudain eu envie de retrouver un peu de ce passé qui parfois m'étreint. J'ai donc franchi le pas et me suis mis à la recherche de ces objets, usuels, qui rappellent tant de bons moments d'une vie qui défile à grande vitesse. 

En continuant ma prospection, je découvre un outil très bizarre. Comme nous ne sommes pas vraiment dans une région de production, je ne le reconnais pas : – de quoi s'agit-il ? C'est un peigne à myrtilles, m'apprend-on... Tout en bois, il possède un manche ou plutôt une poignée et sur l'avant, des longs clous espacés qui s'infiltrent entre les myrtilles avec un fond constitué de lamelles toujours en bois qui laissent filer les fruits dans le récipient de récolte. Cela s'emploie comme un gant...

Vous vous souvenez bien sûr des pains de sucre ? On en gagnait dans les lotos de l'époque et les épiciers en proposaient tous. L'outil que je découvre ici est en fait une pince pour casser les pains de sucre. Celui-là non plus je ne le connaissais pas dans la pratique. Drôle de forme avec deux lames en triangles. Dans la poignée, un ressort de rappel comme dans les pinces à ongles, avec un réglage de dureté. Tout en métal. Je me souviens avoir cassé des pains de sucre et ce n'était pas toujours pratique, mais de la pince, aucun souvenir.

Dans ma prospection, je tombe sur un instrument que tout militaire de l'armée suisse connaît : les couverts de pique-nique. Pardon... Celui-ci est en acier inoxydable, contrairement à l'instrument militaire que les soldats recevaient dans leur paquetage qui était lui en aluminium et un peu plus réduit. La possibilité de les réunir par un rivet et une ouverture allongée leur faisait place dans le sac à pain, sans trop d'encombrement.

L'objet suivant a aussi une résonance militaire : la chicorée. Sous forme d'un gros boudin, emballage papier, elle se rappelle à moi dans les mains de ma maman. C'est la Deuxième Guerre mondiale et le café est cher et rare, le matin maman Mariette déploie un journal sur la table et dépose une ration de café au milieu, café bientôt complété par sa moitié de chicorée. On mélange et on bourre le filtre de la cafetière, puis on ajoute l'eau et la cuisson fait passer cette eau dans le filtre où se trouve le café. Bien entendu, cette façon de faire n'était pas sans inconvénient : le dépôt de marc. Bon, une petite passoire réglait le problème. Mais le café ? M'y voici avec un moulin Peugeot, en bois. La réputation de Peugeot est due au mécanisme indestructible de ses moulins. Du reste encore sur le marché actuellement. S'ils sont électrifiés maintenant, celui-ci est aussi à manivelle, tout comme la baratte à beurre il fallait tourner et tourner et souvent sans obtenir la mouture adéquate. Beau temps où l'on se contentait de ce que l'on avait.

Un truc métallique attire mon attention. En deux parties qui se juxtaposent, il présente... la forme d'un lapin ! Je pense de suite au lapin de Pâques, et s'en est le moule ancien. Souvent le seul cadeau de cette fête, il m'a fait rêver. À l'heure actuelle, je m'offre chaque année un ou plusieurs de ces petits animaux si doux à croquer. Pour moi, cela n'a rien à voir avec la tablette. Le craquement lorsque je brise la tête de ma friandise, le morcellement tout au long de ma dégustation sont des moments que j'adore !

Je suis toujours dans les objets de l'alimentation pour découvrir parmi les vieux emballages, une bouteille de la brasserie jurassienne qui fut reprise par Warteck. Le souvenir de son grand panneau, sous le Ticle actuel, ornait tout ce quartier de Delémont. L'immeuble construit sur ces lieux en a effacé toute trace. Un autre conteneur plus prosaïque attire encore mon attention. Si on le recevait sous forme de petits cubes, le Maggi figurait chez les épiciers du coin dans de grosses boîtes colorées. La concurrence de Knorr et de Maggi se distinguait par les couleurs de ces emballages rouges et orange.

Je crois que je vais arrêter ici ma découverte. Tous ces objets de l'alimentation m'ont ouvert l'appétit. Il est temps de trouver un petit bistrot pour terminer la soirée. Dommage, le petit café voisin du musée n'existe plus, alors faudra-t-il se rabattre sur une pizza ?"